Fatalité

Je n'ai pas voulu que commence la décrépitude sournoise des griffes de l'adolescence.

Je n'ai pas voulu que passent les années à la vitesse de ta lumière.

Je n'ai pas voulu que continue la certitude d'un monde meilleur

Je n'ai pas voulu que finissent nos rendez-vous annuels dans la maison bruyante de cigales.

Je n'ai pas voulu que les trottoirs glissent vers l'absurde  côtoiement des  parcmètres et des mendiants.

Je n'ai pas voulu que les hommes d'affaire décident de l'âge de la retraite

Je n'ai pas voulu que les portes vitrées coulissantes soient aussi transparentes que le politiquement correct

Je n'ai pas voulu que les huîtres fassent des perles.

Je n'ai pas voulu  que viennent les rongeurs du temps au son de la flûte enchantée

Je n'ai pas voulu que mangent  les ogres de la bourse

Je n'ai pas voulu que transpire la moindre parcelle de vérité sur notre intimité

Je n'ai pas voulu que coule la boue sur tes choix impeccables

Je n'ai pas voulu que chantent les pintades à la gloire de Sarkozy

Je n'ai pas voulu que dorment sous les ponts la cours des miracles

Je n'ai pas voulu que l'âne ne paisse que dans le désert

Je n'ai pas voulu que le bémol soit le passage initiatique à l'âge de raison

Je n'ai pas voulu que la couleur brûlante de ses yeux me dévaste le cœur

Je n'ai pas voulu que la mitraille résonne dans la mémoire de chaque Afghan

Je n'ai pas voulu que l'épingle saisisse la peau diaphane à travers la toile de coton perlé

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