Miroirs

 

Portrait

 

Gravier brun et poreux
Qui crisse sous les semelles en corde des sandales catalanes

Fillette brune

Dans la poche, celle de gauche, un morceau de pouzzolane. Celui ramassé au Jardin des Poètes. Friable entre les doigts de l'enfance.  Lentement broyé entre le pouce et l'index. Transformation. Du  sable rouge. Insaisissable. Il coule. Jours de mue.

Que faire des ventres?  Le doigt trace les limites.

 

Les mouettes rieuses remplacent les cigales.
Monet, Cézanne.
Le cidre râpeux des campagnes remplace la piquette des vendangeurs républicains espagnols
Les galets cognant et trébuchant, le sable fin porté au gré de la tramontane.
Et l'herbe repue de chlorophylle, la terre exsangue.

 

L'heure des engagements.
Un poisson dans l'eau de la certitude.
Le ventre est fécond. Le corps aux abois.

 

Gravier blanc et poreux
Qui chauffe sous le rayon des soleils virtuels.

Jeune femme brune.

Dans la poche, celle de droite, un morceau de craie. Celle qui traîne sur les tableaux noirs. Cassante  dans des mains impatientes. Rapidement réduite à sa propre trace. Changement. Les actes se signent. Les champs se rétrécissent. On efface tout et on recommence.

 

Le noir dans son élégance remplace les étoffes bariolées du « peace and love »
Laurie Anderson, Bob Dylan
À la recherche du Temps perdu, une Vie de Maupassant
Le présent remplace les révolutions
L'amour clandestin, le Prince Charmant

 

Passer en pirogue la vague
Expiration. Inspiration.
La lignée du ventre émerveillé.

 

Gravier lisse et rond
Qui résiste à la bêche, à la faux

Femme que je regarde, toi, moi

Dans une poche, le côté n‘importe plus, une géode  dont la faille laisse percevoir la fragilité des cristaux.




 

 André




Il suffit de passer le pont...






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