La barcasse
« Vous êtes belle gazelle !
Vous êtes le soleil de ma vie ! »
Une voix dans la rue
La seule chose qui peut encore éveiller sa sensibilité c’est l’infinie tristesse des yeux soulignés au khôl de la femme
Il termine son verre d’une seule gorgée en prenant le risque de se brûler
Elle sursaute sans raison et détourne le regard
Il était venu jusqu’ici pour aimer cette femme. Le développement de la recherche scientifique sur l’arganier et son écosystème avait été le prétexte. Puis, très doucement, sans qu’aucun signe ne l’annonce, la médina avait éparpillé ses sentiments dans les vapeurs d’un alcool underground. Pourquoi cette femme restait-elle muette ?
Ce matin ils sont partis au souk d’Ida Ougourt. C’est mercredi et c’est la dernière fois. Il le sait. Plus rien ne l’enchante. Il ne voit des étals que ses regrets. Les grenades ont le goût des armes rendues et les oignons lui sont étrangers !
Il quittera la ville par le port dans une de ses barcasses bleues qui l’attend dans le petit bassin. Les goélands pleureront sa défaite